Je vous invite à pousser la porte de mon atelier pour une visite guidée dans laquelle je vous partage les techniques sur lesquelles je m’appuis pour produire mes poteries.
La mise en place de l’atelier : les choix réalisés
Le potier dispose d’un choix de terres important : la porcelaine, le grès, la faïence. Il doit également opter pour un type de cuisson : électrique, bois, gaz, raku… et un type de technique : tournage, plaque, sculpture, colombin, moulage… Après des stages, des rencontres avec des potiers, des visites d’expositions et ma formation au CNIFOP, j’opte pour une production en grès tourné cuite au four à gaz.
La terre
Le grès de l’atelier provient majoritairement de La Borne (18), il est parfois mélangé à du grès blanc en provenance d’Allemagne. Pour les pièces brutes comme les caves à vin, c’est la terre de La Rochouze (37, Langeais) qui est utilisée. J’effectue actuellement des essais sur de la porcelaine.
Le tournage
Avant l’étape du tournage, la préparation de la terre est primordiale. Je pétris la terre pour en chasser l’air, puis je prépare des boules d’un certain poids en fonction de la pièce que je souhaite faire. Le tournage se décompose en plusieurs étapes : le centrage de la boule sur le tour, le perçage et enfin la montée de la terre. Pour effectuer une pièce aux dimensions précises, refaire le couvercle cassé d’un pot par exemple, il faut tenir compte du retrait de la terre lors du séchage et de la cuisson.
Puis la pièce sèche quelques heures voire quelques jours, lorsqu’elle est à « la texture cuir » j’effectue le tournassage : j’ affine ma pièce, puis le ansage, l’assemblage : ajout du bec de la théière par exemple (tourné quelques jours auparavant) et la découpe éventuelle. La pièce sèche à nouveau quelques jours.
La première cuisson : le biscuit ou dégourdit
Je la fais au four électrique, auparavant je la faisais au four à gaz. Les pièces sont minutieusement entassées dans le four pour cuire durant toute une nuit, soit environ 8 heures pour atteindre une température d’environ 1000°. Cette cuisson ne demande pas une surveillance particulière. Les pièces sorties de ce four six à huit heures après la fin de la cuisson s’appellent des biscuits. A cette étape le grès n’est pas fermé, il est poreux.
L’émaillage
Durant ma formation au CNIFOP, j’ai suivi une formation émaillage de trois mois. Au cours de celle-ci, j’ai appris à élaborer mes propres formules, à structurer mes recherches et à conduire la cuisson en four à gaz. Chaque couleur est le fruit d’une recherche minutieuse. Près de 200 essais auront été nécessaires pour obtenir ma couleur rouge.
Les émaux sont composés de matières minérales : feldspaths, kaolin, chaux, silice pour mes couleurs j’utilise du fer ou du cuivre. J’y ajoute des cendres de chêne et effectue actuellement des recherches avec des cendres de vigne.
L’émail se présente de façon liquide, de la texture d’une pâte à crêpe. L’émaillage se fait par trempage, par pulvérisation, par aspersion voire au pinceau pour les petites pièces. En fonction de l’émail, l’épaisseur déposée sur la pièce est différente. Le noir déposé en couche épaisse est très brillant et très noir, et, déposé en couche fine, il devient marron après la cuisson. Enfin, il faut faire attention à ne pas le déposer de façon trop épaisse, car il peut couler et déborder de la pièce, rendant la poterie inutilisable et demandant un travail fastidieux pour récupérer la plaque du four. Ainsi, avant d’enfourner, chaque pièce est désémaillée : l’émail est retiré des zones qui toucheront la plaque du four, sans cette étape les pièces resteraient définitivement collées au four.
Les pièces sont maintenant disposées rigoureusement dans le four. Cette fois, il n’est plus question de les entasser, il ne faut surtout pas qu’elles se touchent.
La deuxième cuisson : la cuisson émail
Le four prend une place importante dans l’atelier, pourtant son espace utilisable est réduit. En effet, afin de garder l’inertie du four, les briques réfractaires servant d’isolant occupent une grande largeur. Aussi si sa dimension est de 1,5m3, sa surface utile est de 300 litres.
La cuisson se fait en réduction, on contrôle l’entrée d’air dans le four, donc l’apport en oxygène.
La cuisson au gaz dans le four en briques s’effectue pendant 12 heures pour atteindre une température de 1300°. Je ne peux défourner que 36 heures après la fin de la cuisson lorsque le four est suffisamment refroidi pour éviter les chocs thermiques qui fragiliseraient les pièces.